La réforme de la facturation électronique arrive à grands pas avec ses premières obligations effectives dès septembre 2026. Bien plus qu’un simple passage du papier au numérique, cette transformation implique de maîtriser plusieurs dimensions techniques essentielles.
Face à ce changement majeur, trois piliers techniques détermineront votre capacité à vous conformer efficacement aux nouvelles exigences : l’interopérabilité entre plateformes, la sécurité des données transmises, et les formats normalisésde factures.
Cet article vous guide à travers ces aspects techniques cruciaux pour vous aider à préparer votre entreprise aux défis de la facturation électronique.
Pourquoi l’interopérabilité est essentielle dans le schéma en Y ?
L’interopérabilité désigne la capacité des systèmes informatiques à communiquer efficacement entre eux. Pour la facturation électronique, cette dimension technique garantit que toutes les plateformes puissent échanger des factures sans obstacle.
Comment fonctionne le schéma en Y ?
Pour organiser la circulation des factures électroniques, la France a opté pour une architecture décentralisée appelée “schéma en Y”, différente du modèle centralisé italien.

Dans cette architecture :
- Les entreprises choisissent librement leur plateforme privée (PDP)
- Les factures circulent horizontalement entre ces plateformes privées
- Simultanément, les données fiscales sont transmises verticalement vers l’administration
Cette approche offre plusieurs avantages :
- Elle réduit les risques liés à une plateforme unique
- Elle permet le développement de solutions adaptées à des besoins sectoriels spécifiques
- Elle préserve l’écosystème existant de plateformes de dématérialisation
Le rôle stratégique de l’annuaire centralisé
Pour que ce système distribué fonctionne efficacement, un annuaire central joue un rôle fondamental. Comparable à un vaste carnet d’adresses, il contient les informations de routage essentielles :
- Les identifiants de chaque entreprise (SIREN/SIRET)
- La plateforme choisie pour recevoir ses factures
- Des informations complémentaires pour le routage interne
Lors de l’émission d’une facture, la plateforme de l’émetteur consulte cet annuaire pour identifier la plateforme du destinataire et lui transmettre le document.
Information importante : Sans inscription à cet annuaire via le choix d’une PDP avant septembre 2026, votre entreprise ne pourra plus recevoir les factures de vos fournisseurs soumis à l’obligation d’émission.
L’avantage PEPPOL pour une communication fluide
Comment faire communiquer efficacement des dizaines de plateformes différentes ? Le réseau PEPPOL (Pan-European Public Procurement OnLine) apporte une réponse concrète à ce défi.
Ce protocole d’échanges standardisé offre :
- Une interopérabilité native entre plateformes certifiées “point d’accès PEPPOL”
- Un standard reconnu au niveau européen
- Une sécurisation des échanges de bout en bout
Privilégier une plateforme certifiée PEPPOL représente généralement un choix judicieux pour garantir une interopérabilité optimale avec l’ensemble de l’écosystème.
Vérifier l’interopérabilité d’une plateforme
Pour évaluer la capacité d’interopérabilité d’une plateforme, examinez ces critères essentiels :
- Sa certification en tant que point d’accès PEPPOL
- Ses accords d’interopérabilité avec d’autres plateformes
- Sa connexion avec le Portail Public de Facturation
- Ses mécanismes de traçabilité des échanges entre plateformes
Une plateforme véritablement interopérable vous évitera l’isolement numérique et facilitera vos échanges avec tous vos partenaires commerciaux.
Quels formats de factures sont obligatoires (Factur-X, UBL, CII) ?
La réforme impose l’abandon des formats traditionnels (Word, PDF simple, papier) au profit de formats structurés conformes à la norme européenne EN 16931.
Les 3 formats normalisés expliqués
Le “socle minimal” obligatoire comprend trois formats aux caractéristiques distinctes :
- Factur-X : Format hybride combinant un document visuel (PDF/A-3) et des données structurées (XML) embarquées. Cette double nature le rend particulièrement accessible pour les entreprises moins familières avec les formats purement techniques.
- UBL (Universal Business Language) : Format XML standardisé conçu spécifiquement pour les échanges commerciaux électroniques. Sa structure rigoureuse facilite l’automatisation des traitements.
- CII (Cross Industry Invoice) : Également basé sur XML, ce format issu des travaux de l’UN/CEFACT offre une grande richesse sémantique adaptée à différents secteurs d’activité.
Ces formats partagent un objectif commun : permettre le traitement automatisé des données de facturation tout en garantissant l’interopérabilité entre systèmes.
Quel format choisir selon votre contexte ?
Le choix du format dépend principalement de votre écosystème et de vos capacités techniques :
Format | Profil d’entreprise | Avantages clés |
---|---|---|
Factur-X | TPE/PME, entreprises peu numérisées | Lisibilité humaine + traitement automatisé, transition facilitée |
UBL | Grandes entreprises, utilisateurs d’EDI | Richesse structurelle, intégration avec systèmes avancés |
CII | Entreprises internationales | Standard mondial, flexibilité sectorielle |
Pour la majorité des entreprises françaises, Factur-X constitue souvent le meilleur compromis entre accessibilité et conformité.
Préparation technique aux formats normalisés
Pour vous adapter à ces nouveaux formats, plusieurs actions s’imposent :
- Évaluez la compatibilité de vos logiciels actuels avec ces formats
- Dialoguez avec vos éditeurs sur leur roadmap d’adaptation
- Formez vos équipes aux particularités de ces formats
- Réalisez des tests d’émission et de réception avant les échéances réglementaires
Une anticipation de ces aspects techniques vous évitera une transition précipitée à l’approche des dates butoirs.
Quelle sécurité doit garantir une PDP ?
La centralisation des factures sur des plateformes externes soulève naturellement des questions de sécurité. Les PDP doivent respecter des standards élevés pour protéger ces données sensibles.
Les certifications de sécurité indispensables
Pour obtenir leur immatriculation, les PDP doivent justifier de deux certifications majeures :
- ISO 27001 : Cette norme internationale établit les exigences pour un système de gestion de la sécurité de l’information. Elle garantit la mise en place de processus rigoureux pour identifier et gérer les risques informatiques.
- SecNumCloud : Développée par l’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information), cette certification française très exigeante concerne spécifiquement les services d’hébergement cloud. Elle impose des contrôles stricts sur la protection des infrastructures et la localisation des données.
Ces certifications ne sont pas optionnelles mais constituent des prérequis pour l’immatriculation officielle des PDP.
L’authentification sécurisée des utilisateurs
Pour prévenir les risques d’usurpation d’identité et de fraude, les PDP doivent mettre en œuvre des mécanismes d’authentification robustes :
- Vérification rigoureuse de l’identité lors de la création de compte
- Validation du statut juridique (représentant légal, mandataire, etc.)
- Authentification à deux facteurs incluant un élément dynamique
Ces mesures visent à garantir que seules les personnes dûment autorisées peuvent émettre ou recevoir des factures au nom de l’entreprise.
Protection des données et conformité RGPD
En tant que gestionnaires de données commerciales sensibles, les PDP sont soumises aux exigences du RGPD. Elles doivent notamment :
- Assurer la confidentialité des informations commerciales
- Garantir l’intégrité des données contre toute altération
- Respecter les durées légales de conservation
- Mettre en œuvre les mesures techniques et organisationnelles appropriées
La protection de vos données commerciales constitue un enjeu majeur qui justifie une attention particulière lors du choix de votre plateforme.
Comment vérifier la conformité technique d’une plateforme ?
Face à ces multiples exigences techniques, comment s’assurer que la plateforme envisagée répond effectivement à tous les critères nécessaires ?
Checklist d’évaluation technique
Voici une liste de contrôle pour évaluer rigoureusement la conformité technique d’une PDP :
- Immatriculation officielle par l’administration fiscale
- Certifications ISO 27001 et SecNumCloud valides
- Statut de point d’accès PEPPOL actif
- Support complet des trois formats normalisés
- Mécanismes d’authentification conformes aux exigences légales
- Accords d’interopérabilité documentés
- Traçabilité complète du cycle de vie des factures
- Solutions d’archivage conformes aux durées légales
- Politique de protection des données conforme au RGPD
Cette vérification méthodique vous préservera de mauvaises surprises lors du déploiement opérationnel.
Questions techniques à poser à votre prestataire
N’hésitez pas à interroger directement les fournisseurs potentiels sur leur maîtrise technique :
- Comment assurez-vous l’interopérabilité avec les autres plateformes du marché ?
- Quelles certifications de sécurité pouvez-vous présenter ?
- Comment garantissez-vous l’authenticité et l’intégrité des factures ?
- Quels mécanismes de continuité de service avez-vous mis en place ?
- Comment accompagnez-vous la migration vers les formats normalisés ?
- Quelle est votre roadmap d’adaptation aux évolutions réglementaires ?
Les réponses obtenues vous éclaireront sur la maturité technique et la fiabilité du prestataire.
Valeur ajoutée technique au-delà des obligations
Au-delà des exigences minimales, certaines caractéristiques techniques peuvent faire la différence :
- Capacités d’intégration avec vos systèmes existants (ERP, CRM, etc.)
- Automatisation avancée des processus de traitement
- Outils d’analyse et tableaux de bord performants
- Fonctionnalités complémentaires (paiement, recouvrement, etc.)
- Support technique et accompagnement personnalisé
- Adaptations sectorielles spécifiques à votre activité
Ces éléments, bien que non obligatoires, peuvent significativement améliorer l’expérience utilisateur et optimiser vos processus.
Anticipez dès maintenant la dimension technique de la facturation électronique
La maîtrise des aspects techniques de la facturation électronique représente bien plus qu’une simple contrainte réglementaire. Elle constitue une opportunité de modernisation de vos processus et d’optimisation de votre chaîne de facturation.
Avec des échéances qui approchent rapidement (septembre 2026 pour la réception, septembre 2027 pour l’émission), une préparation technique anticipée s’avère indispensable pour une transition sereine et maîtrisée.
Ne laissez pas la complexité technique compromettre votre conformité. Les experts d’Extencia vous accompagnent dans l’analyse de vos besoins, l’évaluation des solutions et la mise en œuvre de votre stratégie de facturation électronique.
Besoin d’un accompagnement personnalisé pour votre transition technique ?
Notre équipe pluridisciplinaire maîtrise les dimensions techniques, comptables et fiscales de cette réforme. Nous pouvons vous aider à réaliser un diagnostic précis de votre situation et à élaborer une feuille de route adaptée à vos spécificités.