L’article en bref
- Objectif : Piloter efficacement votre officine en 2025 à l’aide de 7 indicateurs clés.
- Marge commerciale : Suivez-la par catégorie de produits et favorisez les produits à forte marge.
- Masse salariale : Optimisez les plannings et formez vos équipes pour maintenir la rentabilité.
- Panier moyen : Travaillez le conseil au comptoir et les programmes de fidélité pour l’augmenter.
- Mix produits : Diversifiez vos revenus en développant la parapharmacie et les services rémunérés.
- Rotation des stocks : Accélérez la rotation pour libérer de la trésorerie et éviter les pertes.
- EBE : Suivez cet indicateur de rentabilité et agissez rapidement en cas de dérive.
- BFR : Diminuez les stocks, optimisez les encaissements et négociez vos délais fournisseurs.
En 2025, gérer une pharmacie d’officine en France exige un suivi rigoureux de quelques indicateurs clés de performance (KPI).
Dans un contexte de marges sous pression et de coûts en hausse, les pharmaciens titulaires doivent piloter leur officine comme une entreprise en s’appuyant sur des données chiffrées fiables.
Voici les 7 KPI essentiels à surveiller de près, avec pour chacun une définition contextualisée au secteur officinal, son intérêt économique en 2025, des repères chiffrés et des conseils pratiques (outils de suivi, tableaux de bord, alertes) pour optimiser votre gestion.
1. Marge commerciale brute (taux de marge)
La marge commerciale correspond à la différence entre le prix de vente hors taxes et le coût d’achat des produits vendus. En officine, elle est composée de la marge réglementée sur les médicaments remboursables (taux dégressifs de 0 à 10% selon le prix) et de la marge libre sur les produits de parapharmacie (souvent entre 30% et 60%).
On la mesure en valeur absolue (euros de marge brute) et en pourcentage du chiffre d’affaires HT (taux de marge). C’est un indicateur central car il représente le bénéfice brut dégagé sur les ventes.
Pertinence en 2025 : Le taux de marge des pharmacies est sous forte tension. En 2024, la marge brute moyenne n’est plus que d’environ 28,3% du chiffre d’affaires HT, contre 29, 4% l’année précédente.
Cette érosion s’explique par la hausse de la part des médicaments très chers à marge plafonnée (coefficient de rémunération faible) et par les baisses de prix imposées sur le médicament remboursable. Par exemple, dans certains cas, des médicaments coûteux peuvent représenter 40% des ventes remboursées tout en ne pesant que <10% de la marge globale.
Autrement dit, une officine peut voir son chiffre d’affaires augmenter grâce à ces produits onéreux, tandis que sa rentabilité brute diminue. Les petites officines sont particulièrement touchées par cette contraction de marge, fragilisant leur modèle économique.
Repères chiffrés : D’après les données statistiques 2024, la marge commerciale moyenne d’une officine se situe autour de 28% du CA HT. Ce taux peut varier de plus de 30% pour une pharmacie orientée parapharmacie, à moins de 25% pour une officine axée sur des médicaments coûteux remboursés.
En valeur, cela représente en moyenne ~710 700 € de marge brute annuelle pour une pharmacie de taille moyenne en 2024.
Conseils de pilotage :
- Suivi segmenté : Sur votre tableau de bord mensuel, détaillez la marge par catégorie de produits (médicaments remboursables, OTC, parapharmacie, orthopédie, etc.). Cela permet d’identifier quelles lignes contribuent le plus (ou le moins) à la marge et d’arbitrer en conséquence.
Exemple : si la marge sur la parapharmacie baisse, ciblez ce rayon par des actions commerciales. - Optimisation du mix produits : Ne cherchez pas le chiffre d’affaires « à tout prix » sur des produits faiblement margés. Préférez rééquilibrer votre mix produit pour privilégier les segments à forte marge : génériques, médication familiale, produits de conseil, etc.
Un conseil Extencia : travailler le cross-selling au comptoir et la valorisation de la parapharmacie permet d’augmenter la marge sans accroître le volume de clients. - Outils : Utilisez les fonctionnalités de votre logiciel métier pour suivre la marge en temps réel. De nombreux logiciels officinaux offrent des rapports de marge par taux de TVA ou par famille de produits, avec des alertes en cas de marge anormale.
Paramétrez des alertes si le taux de marge globale passe en dessous d’un seuil critique que vous aurez déterminé.

2. Ratio de masse salariale (charges de personnel)
La masse salariale représente l’ensemble des dépenses de personnel de l’officine (salaires bruts, charges sociales, primes, etc.). On la met en regard de l’activité pour calculer un ratio – généralement exprimé en pourcentage du chiffre d’affaires HT (ou parfois en pourcentage de la marge brute).
Ce ratio masse salariale/CA permet de mesurer le poids du personnel dans l’économie de la pharmacie. Un niveau maîtrisé est signe de productivité, tandis qu’une masse salariale trop lourde pèse sur la rentabilité nette.
Pertinence en 2025 : Les frais de personnel constituent l’un des postes de coût les plus inflationnistes ces dernières années. En 2024, les charges de personnel atteignent en moyenne ~11% du CA des officines (contre 10,9% en 2023), en hausse d’environ +5,6% sur un an.
Sur trois ans, cela représente +26% d’augmentation cumulative des salaires, une progression bien supérieure à celle du volume d’activité.
Cette dérive s’explique par la revalorisation des salaires conventionnels, la tension du recrutement en pharmacie (pénurie de pharmaciens adjoints et préparateurs) et l’extension des horaires/missions (vaccination, dépistage, entretiens pharmaceutiques) nécessitant du personnel qualifié supplémentaire.
Une officine dont le chiffre d’affaires est faible ressentira d’autant plus cette charge (le ratio pouvant dépasser 15% du CA dans certaines pharmacies rurales ou de petite taille). Ce niveau n’est pas tenable sans rogner la rentabilité, d’où l’enjeu crucial d’optimiser la masse salariale.
Repères chiffrés : Historiquement, le ratio masse salariale/CA tournait autour de 10% pour les pharmacies structurées. En 2024, il avoisine 11% en moyenne, avec des écarts allant d’environ 10% pour les grosses officines urbaines (économies d’échelle, automatisation) à plus de 13-15% pour de petites officines ou celles à large amplitude horaire.
La hausse annuelle des salaires est significative (+5 à +6% en 2024), ce qui grève mécaniquement la profitabilité si le CA ne progresse pas au même rythme.
Conseils de pilotage :
- Optimisation des plannings : Analysez finement l’adéquation effectif présent vs affluence clients. Dans de nombreuses officines, plus de 70% du CA est réalisé sur seulement 30 heures hebdomadaires. Identifiez ces créneaux à forte activité et assurez-vous d’y concentrer le personnel, tout en réduisant les effectifs sur les plages creuses.
Un audit des plages horaires couplé aux données de fréquentation de l’officine permet souvent de redéployer les heures de travail plus efficacement. L’objectif est d’adapter les temps de présence aux flux clients, sans dégrader la qualité de service. - Productivité et polyvalence : Formez votre équipe aux nouvelles missions (tests, vaccinations, conseils spécialisés) afin d’augmenter la valeur ajoutée par employé. Un préparateur pouvant gérer le conseil en dermocosmétique ou un pharmacien réalisant des entretiens de bilan de médication apportent des revenus complémentaires.
Suivez le CA par employé (ou par heure travaillée) pour détecter d’éventuels sur-effectifs ou des besoins de formation. Un indicateur souvent cité est ~300 000 € de CA TTC par employé à temps plein comme seuil de productivité acceptable (à ajuster selon votre typologie d’officine). - Tableau de bord RH : Mettez en place un suivi mensuel du ratio frais de personnel/CA dans votre tableau de bord. Comparez-le aux moyennes du secteur (Téléchargez les statistiques nationales et régionales qu’Extencia met à votre disposition).
Une dérive progressive de ce ratio doit alerter : il peut être nécessaire de geler certaines embauches ou de recourir à des CDD en renfort ponctuel plutôt qu’à des CDI si l’activité n’est pas assurée. En cas de dérapage, envisagez un plan d’action (par ex. optimisation des horaires d’ouverture, mutualisation de personnel entre pharmacies en groupement, etc.).

3. Panier moyen par client
Le panier moyen représente le montant moyen dépensé par un client lors d’un passage en pharmacie. On le calcule en divisant le chiffre d’affaires (TTC) par le nombre de transactions (tickets de caisse) sur une période donnée.
En officine, on peut affiner cet indicateur en distinguant le panier moyen des ordonnances remboursées (généralement plus élevé en valeur mais à marge faible) du panier moyen sur la vente libre et la parapharmacie.
Néanmoins, l’indicateur global fournit déjà une idée de la capacité de l’officine à vendre plusieurs produits par visite et à augmenter la dépense de chaque client.
Pertinence en 2025 : Dans un contexte où la fréquentation peut stagner ou être chahutée par la concurrence (e-commerce, grandes pharmacies urbaines, etc.), augmenter le panier moyen est un levier essentiel de croissance du chiffre d’affaires.
Les officines l’ont bien compris : on observe un retour des patients en pharmacie physique, et ceux-ci achètent un peu plus à chaque visite qu’auparavant. Le panier moyen en 2024 s’établit autour de 16,7 € par client (données incluant les honoraires de dispensation), en hausse de ~+3 à +4% par rapport à 2023.
Cette progression est portée par le conseil officinal et les nouvelles missions : un patient venant se faire vacciner ou dépister est aussi susceptible d’acheter des produits additionnels (vitamines, masque, autotest…), ce qui augmente le ticket moyen.
De même, le développement de la médication familiale (OTC) et des gammes de parapharmacie spécialisées incite les clients à ajouter un produit de prévention ou de confort à leur achat initial, surtout lorsqu’ils bénéficient du conseil du pharmacien.
Repères chiffrés : D’après l’Observatoire de l’officine, le panier moyen national tourne autour de 15 à 17 €par passage en caisse en 2024.
Les pharmacies rurales ont souvent un panier légèrement plus élevé que les urbaines (par ex. ~46 € annuels en rural contre 44,6 € en urbain d’après Fiducial) – sans doute parce que les visites y sont moins fréquentes mais plus chargées en achats moyens.
Un autre indicateur complémentaire est le nombre d’articles par ticket, qui permet de voir si le panier moyen augmente via la vente de produits additionnels ou simplement par l’inflation du prix unitaire des médicaments.
Conseils de pilotage :
- Merchandising & conseil : Travaillez l’agencement de l’espace de vente pour favoriser l’achat d’impulsion ou complémentaire. Par exemple, placez en tête de gondole des produits de saison (allergie, vitamines hiver) susceptibles d’intéresser les patients venant chercher leurs traitements.
Systématisez le conseil au comptoir : pour chaque ordonnance, pensez à proposer un produit additionnel pertinent (spray nasal pour un patient enrhumé, complément alimentaire pour une personne âgée polymédiquée, etc.).
Ce conseil personnalisé renforce le rôle de professionnel de santé tout en faisant grimper le panier moyen de façon éthique. - Programmes de fidélité et offres : Si ce n’est pas déjà fait, mettez en place une carte de fidélité ou un programme de points. Les clients fidèles dépensent généralement plus par visite.
Des promotions du type « 2ème à -50% » ou « pack familles » peuvent aussi augmenter le ticket moyen en incitant à acheter une plus grande quantité de produits courants (ex : lots de lait infantile, offres saisonnières anti-poux, etc.). - Suivi régulier : Intégrez le panier moyen dans vos rapports mensuels. Un simple tableau Excel ou un rapport de votre logiciel de caisse peut vous indiquer l’évolution du panier moyen par rapport à l’année précédente.
Si celui-ci stagne ou baisse, creusez-en la cause (moins de produits par ordonnance ? baisse des ventes de parapharmacie ? changement de typologie de clientèle…) et ajustez votre stratégie de vente et de conseil en conséquence.

4. Mix produits (répartition du chiffre d’affaires par segments)
Le mix produits désigne la structure du chiffre d’affaires de l’officine par catégorie de ventes. Concrètement, il s’agit de la part relative des différents segments : médicaments remboursables, médicaments non remboursables (OTC), parapharmacie, dispositifs médicaux, homéopathie, orthopédie, préparations, honoraires de dispensation et autres services.
Ce KPI est crucial car chaque segment a une rentabilité différente (marges réglementées vs libres) et une dynamique propre.
Par exemple, une officine dont 80% du CA provient du médicament remboursé aura une marge globale plus faible et plus contrainte par les décisions publiques qu’une officine réalisant 40% de son CA en parapharmacie.
Pertinence en 2025 : Le secteur officinal est en mutation : le médicament remboursable ne représente plus en moyenne que ~63% du CA (en baisse en volume, mais avec la montée des médicaments chers à faible marge), tandis que les segments à TVA plus élevée (OTC 10%, parapharmacie 20%) gagnent du terrain modérément en valeur.
Surtout, les honoraires de dispensation – instaurés progressivement depuis 2015 – sont devenus une composante non négligeable du mix : près de 10% du CA global en 2024. Dans certaines pharmacies très axées sur les services, les honoraires et prestations représentent jusqu’à 25-30% de la marge brute totale, jouant un rôle d’amortisseur face à la décroissance du médicament remboursé.
Un mix produits équilibré est donc un facteur de résilience économique. Par exemple, une officine performante réalise idéalement ~60-70% de son CA en médicaments et 30-40% en parapharmacie, cette dernière contribuant à 50-60% de la marge brute totale grâce à des coefficients plus élevés.
À l’inverse, une officine très orientée médicaments chers verra son taux de marge chuter dangereusement (cf. KPI marge commerciale). En 2025, avec l’essor des missions du pharmacien (tests, vaccination) et de la prévention, diversifier ses sources de revenus est plus que jamais d’actualité.
Repères chiffrés : D’après les données sectorielles récentes, le CA moyen d’une officine se répartit ainsi : ~72% médicament (taux réduit 2,1% et 5,5% de TVA), ~4-5% OTC (10% TVA) et ~12% parapharmacie (20% TVA), le solde provenant des honoraires et services. Cependant, ce profil moyen cache de grandes disparités.
Les pharmacies ayant misé sur la parapharmacie peuvent monter à 20-25% du CA en produits hors ordonnance. Celles orientées maintien à domicile (MAD) et orthopédie voient aussi une part significative de leur CA (et de leur marge) hors médicament classique.
Un équilibre courant jugé sain par les spécialistes est d’avoir environ un tiers du CA hors médicament remboursé (OTC + para + services), afin de compenser l’érosion de marge sur le remboursable et de dépendre moins des politiques de prix publics.
Conseils de pilotage :
- Analyse mensuelle du mix : Sur votre tableau de bord, suivez chaque mois la part de chaque segment dans le CA. Comparez aux périodes précédentes et à vos objectifs. Une baisse de la part de la parapharmacie, par exemple, peut indiquer un besoin de redynamiser ce rayon (animations, promotions ciblées, élargissement de gamme).
À l’inverse, une hausse de la part des médicaments chers doit inciter à renforcer d’autres relais de marge. Pilotez votre officine “en bon père de famille” en arbitrant le mix produits : ce que vous perdez d’un côté (marge faible sur médicament cher) doit être regagné de l’autre (ventes additionnelles à forte marge). - Développement de nouveaux segments : En 2025, pensez aux services et produits de santé connexes qui peuvent enrichir votre mix : tests de dépistage payants (TROD angine, VIH, etc.), conseil en micronutrition, accompagnement en sevrage tabagique avec produits associés, téléconsultation en cabine (avec délivrance de l’ordonnance derrière).
Ces activités génèrent des honoraires ou des ventes additionnelles qui augmentent la part de CA hors médicament remboursé. - Levier parapharmacie : La parapharmacie reste le levier principal de marge libre pour une officine. Pour accroître sa part dans votre mix, investissez dans la formation de l’équipe (conseil pointu en dermo-cosmétique, bébé, médecine naturelle…), soignez le merchandising et négociez des conditions d’achat auprès de grossistes secondaires ou laboratoires pour être compétitif.
Une parapharmacie développée peut porter la marge globale de l’officine, sans augmenter le nombre d’ordonnances.

5. Rotation des stocks (taux de rotation)
La rotation des stocks mesure la vitesse d’écoulement des marchandises stockées à l’officine. On la calcule en général en nombre de fois par an : taux de rotation = coût des ventes sur la période / stock moyen.
Une rotation de 12 signifie que le stock se renouvelle 12 fois par an, soit une moyenne d’un stock entièrement écoulé chaque mois. Inversement, un taux bas (ex : 6) indique qu’il faut deux mois en moyenne pour écouler le stock. On exprime parfois ce KPI en délai de couverture : nombre de jours ou de mois de stock disponible par rapport aux ventes moyennes.
Une bonne rotation minimise l’argent immobilisé en stock tout en évitant les ruptures.
Pertinence en 2025 : La gestion des stocks est un enjeu majeur de trésorerie pour les pharmacies. D’un côté, les ruptures d’approvisionnement fréquentes obligent à stocker davantage certains médicaments critiques, de l’autre un stock excessif coûte cher et entraîne des pertes (périmés, obsolètes).
Dans le contexte actuel d’inflation et de taux d’intérêt hauts, chaque euro immobilisé dans le stock est un euro qui ne travaille pas ailleurs. Un taux de rotation trop faible (stock “dormant”) pèse sur la rentabilité immédiate. Les experts du secteur recommandent aux officines de viser une rotation d’au moins 12 à 15 fois par an – ce qui correspond à 1 à 2 mois de stock maximum en moyenne.
Or beaucoup de pharmacies sont encore loin de cet objectif et conservent 3-4 mois de stock sur certaines références, mobilisant inutilement de la trésorerie. Par ailleurs, un stock qui tourne vite réduit aussi le risque de péremption : on estime que les produits périmés devraient rester sous 0,5% du stock total dans une gestion optimale (sinon, c’est du cash parti à la poubelle).
En 2025, avec la multiplication des références (diversification de l’offre) et les tensions d’approvisionnement, le pilotage du stock est un exercice d’équilibriste, mais crucial pour la santé financière.
Repères chiffrés : Une pharmacie bien gérée affiche généralement un délai de stock moyen autour de 45 jours (1,5 mois), soit ~8 rotations par an. Les meilleurs élèves atteignent 12 rotations annuelles (stock renouvelé tous les mois), notamment grâce à des commandes très fréquentes et à une gamme très ciblée.
En pratique, un taux de rotation de 12-15 est considéré comme optimal pour une officine moderne. Quant à la couverture de stock, évitez de dépasser 6 semaines de ventes courantes en valeur.
Surveillez aussi le taux de rupture en rayons (pas directement dans ce KPI, mais corrélé) : trop de rotation (stock trop bas) peut entraîner des ruptures préjudiciables au service aux patients, donc trouvez le bon compromis selon votre activité.
Conseils de pilotage :
- Audit de stock et plan d’action : Commencez par un inventaire régulier (au moins annuel, voire tournant par section chaque trimestre) pour bien connaître la composition de votre stock. Identifiez les “morts” en stock : ces produits qui ne bougent plus depuis des mois.
Mettez en place un plan de déstockage(promotions, retours fournisseurs quand c’est possible) sur ces invendus. Un déstockage ciblé peut libérer 15 à 20 k€ de trésorerie en 3 mois – de l’argent frais sans emprunter ! - Outils informatiques : Investissez dans un logiciel de gestion de stock performant. Les logiciels officinaux intègrent désormais des fonctionnalités avancées : suivi des dates de péremption, alertes de rupture, calcul automatisé des quantités économiques de commande, analyse ABC, etc.
Ces outils permettent d’optimiser les commandes et d’éviter les surstocks, avec un retour sur investissement rapide grâce à la réduction des pertes et une meilleure disponibilité produit. Configurez des alertes de surstock (par ex. si le stock d’une référence dépasse X semaines de couverture) afin de prévenir l’accumulation non justifiée. - Indicateurs de pilotage : Suivez mensuellement votre taux de rotation global et par grandes familles. En cas de ralentissement (rotation qui baisse), analysez si c’est conjoncturel ou si vous avez trop commandé. À l’inverse, un taux de rotation qui monte fortement peut cacher des ruptures (stock trop bas) – surveillez alors le taux de service.
Un indicateur simple à mettre en place : le taux de péremption (valeur des produits périmés / valeur du stock) que vous pouvez calculer chaque année. Rappelez-vous qu’il doit idéalement rester <0,5%. S’il tend vers 1% ou plus, c’est le signe d’un surstock ou d’une mauvaise rotation sur certaines références.
Ajustez vos commandes en conséquence (diminution des quantités, recours plus fréquent aux dépannages via les grossistes pour les produits à faible rotation, etc.).

6. Rentabilité d’exploitation (Excédent Brut d’Exploitation)
L’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) est l’indicateur financier qui mesure la performance économique globale de l’officine sur son activité opérationnelle.
C’est, en simplifié, le résultat d’exploitation avant les amortissements, les charges financières et les impôts. Il prend en compte la marge brute moins toutes les charges d’exploitation (loyers, personnel, achats divers, impôts et taxes, etc.).
L’EBE reflète donc la ressource dégagée par l’activité courante, servant à payer les remboursements d’emprunt, la rémunération du titulaire et à investir. On le suit souvent en valeur absolue (euros annuels) et en % du chiffre d’affaires HT (taux d’EBE).
Par exemple, un EBE de 10% du CA signifie que pour 1 € de vente, l’officine génère 0,10 € de profit avant amortissements et frais financiers.
Pertinence en 2025 : L’EBE est considéré comme l’indicateur synthétique de la rentabilité d’une officine. Or, sa dégradation récente alerte les professionnels. En 2024, l’EBE moyen des pharmacies françaises est tombé à ~10,1% du CA (environ 254 k€), contre 11% du CA en 2023.
En d’autres termes, la rentabilité d’exploitation a reculé, en raison principalement de l’“effet ciseau” : marges brutes en légère baisse et charges en forte hausse. Cette contraction de près d’un point de taux d’EBE en un an compromet la capacité d’investissement et de rémunération du titulaire.
Elle est d’autant plus problématique que les taux d’intérêt augmentent (coût de la dette plus élevé) et que la trésorerie se tend. Les petites structures voient leur EBE chuter sous les 9% du CA en moyenne, seuil critique en dessous duquel il devient difficile de dégager un revenu satisfaisant pour le pharmacien après remboursement des emprunts.
Concrètement, 10% d’EBE signifie que l’officine ne génère que 10 € de marge de manœuvre pour 100 € de ventes, ce qui est vite absorbé par le remboursement d’un prêt et la rémunération du titulaire. Piloter sa rentabilité est donc un impératif en 2025 : il faut sans cesse chercher à améliorer l’EBE en jouant sur tous les leviers (augmenter la marge, contenir les charges, développer l’activité annexe…).
Repères chiffrés : Un taux d’EBE ≥ 12% du CA HT était considéré comme très bon il y a quelques années (et permettait de valoriser l’officine autour de 6 à 7 fois l’EBE). Aujourd’hui, la moyenne étant ~10%, un titulaire devrait viser au minimum 10-11% pour rester dans la norme, et idéalement repasser la barre des 12% en agissant sur les leviers internes.
En valeur, pour une officine type à 2,5 M€ de CA HT, cela correspond à ~250 k€ d’EBE annuel en moyenne. Notez que l’EBE est aussi scruté par les banques et les repreneurs : il détermine la capacité d’emprunt et sert souvent de base de valorisation du fonds de commerce (multiple d’EBE).
Un EBE trop faible rendra difficile la revente ou la transmission de la pharmacie dans de bonnes conditions, et limite les investissements possibles (robotisation, travaux, etc.).
Conseils de pilotage :
- Tableau de bord financier : Suivez l’évolution de votre EBE au moins trimestriellement avec votre cabinet comptable. Mettez en place des budgets prévisionnels et comparez-les au réalisé.
Si votre taux d’EBE décroche en cours d’année, réagissez sans attendre en identifiant la cause (baisse de marge ? explosion des frais de personnel ou du loyer ?) et en corrigeant le tir.
La rentabilité d’exploitation se pilote proactivement : n’attendez pas la fin de l’année pour découvrir un EBE décevant. - Optimisation des charges fixes : Un des moyens les plus directs d’améliorer l’EBE est de réduire les frais généraux.
Passez en revue vos principaux postes de dépenses : loyer (peut-être à renégocier si surévalué ? ou envisager un regroupement pour mutualiser), assurances, énergie (optez pour des contrats moins chers ou des travaux d’économie d’énergie, rentables à moyen terme), frais de nettoyage, maintenance d’automate, etc.
Exemple : une officine de 1,8 M€ de CA a réussi à diminuer ses charges externes de 13% en 6 mois grâce à des renégociations et un audit énergétique. Ce gain va directement booster l’EBE. - Développement de l’activité à marge positive : Pour augmenter l’EBE, il faut soit réduire les charges, soit augmenter le résultat brut.
Donc développez tout ce qui génère de la marge additionnelle : services rémunérés (entretiens pharmaceutiques, tests, vaccinations avec ROSP le cas échéant), ventes de produits à forte marge (comme la gamme vétérinaire, les produits de niche où la concurrence est moindre), honoraires de dispensation (pensez à valoriser chaque acte, notamment les ordonnances complexes, et à facturer les livraisons à domicile ou autres services si la réglementation le permet).
Ces éléments améliorent la performance sans alourdir beaucoup les charges, donc profitent à l’EBE. - Indicateurs d’alerte : Fixez-vous un seuil d’EBE minimum (par ex. 8% du CA) en dessous duquel vous vous alertez.
De même, surveillez la CAF (capacité d’autofinancement), qui est proche de l’EBE mais après impôts, pour vous assurer que l’officine génère assez de trésorerie pour ses besoins. Enfin, ne confondez pas marge et EBE : une marge brute stable peut masquer une baisse d’EBE si les charges grimpent en parallèle. C’est pourquoi il faut garder un œil sur les deux.

7. Besoin en Fonds de Roulement (BFR) et trésorerie
Le Besoin en Fonds de Roulement correspond à la trésorerie immobilisée pour financer le cycle d’exploitation. Pour une pharmacie, il se calcule grosso modo par la formule : BFR = stock + créances (avoirs à recevoir) – dettes fournisseurs.
Il représente le montant que l’officine doit avancer en attendant d’être payée par ses clients (principalement l’Assurance Maladie via le tiers payant, mais aussi les mutuelles, les EHPAD, etc.), tout en finançant ses stocks, et en profitant des délais de paiement accordés par les grossistes.
Si le BFR est positif et élevé, cela signifie que l’argent est sorti (achat de stock, crédits clients) avant d’entrer (règlement Sécu, remises grossistes), donc la trésorerie est sollicitée. La trésorerie disponible est le corollaire du BFR : plus le BFR est grand, moins il reste de trésorerie mobilisable librement, et vice versa.
Pertinence en 2025 : La gestion du BFR est souvent négligée alors même qu’elle constitue un levier majeur pour la trésorerie de l’officine.
En 2024-2025, plusieurs facteurs viennent impacter le BFR des pharmacies : la hausse des prix des médicaments (chaque boîte en stock vaut plus cher, donc immobilise plus d’argent), l’augmentation des délais de règlement de l’Assurance Maladie ou des mutuelles dans certains cas (problèmes de télétransmission, relances nécessaires…), et la tension sur les approvisionnements qui pousse à surstocker par précaution.
Conséquence : la trésorerie moyenne des officines s’est dégradée (-15% en 2023 d’après une étude Fiducial). Beaucoup de pharmaciens découvrent que leur compte en banque fond alors même que leur chiffre d’affaires est en hausse – signe d’une dégradation du BFR (argent bloqué dans le stock ou en attente de paiement).
Un stock surdimensionné peut immobiliser plusieurs dizaines de milliers d’euros inutilement, affaiblissant la liquidité de l’entreprise. À l’inverse, une gestion fine du BFR peut libérer du cash sans emprunter : en optimisant les stocks et les encours clients, on redonne de l’oxygène financier à l’officine. Cet indicateur est donc crucial pour passer les périodes tendues (impôts, baisse saisonnière d’activité…) et pour investir.
Une mauvaise gestion du stock peut immobiliser une part considérable de la trésorerie. Sur l’illustration ci-dessus, l’officine A fonctionne avec 80 jours de stock, soit près de 50 % de trésorerie immobilisée, tandis qu’une gestion plus efficiente (officine B avec 45 jours de stock) réduit cet impact à environ 25 %. En accélérant la rotation des stocks, l’officine B a ainsi libéré des liquidités qui peuvent être réaffectées à d’autres besoins (investissements, imprévus), améliorant sa flexibilité financière.
Repères chiffrés : Pour une pharmacie type, le BFR représente généralement 1 à 2 mois de chiffre d’affaires. Cela correspond en grande partie à l’investissement en stock (souvent 20-25% du CA annuel en valeur) diminué du crédit fournisseurs (30 à 60 jours de délais de paiement accordés par les grossistes).
Les créances clients (tiers payant) sont en moyenne autour de 1 à 2 semaines de CA, car la Sécurité sociale rembourse tous les 14 jours en moyenne les lots de feuilles de soin électroniques. Un indicateur pratique suivi par certains : le “nombre de jours de CA immobilisé en BFR”. Il comprend les jours de stock + les jours de créances – les jours de dettes.
Par exemple, un stock à 60 jours, des créances à 15 jours et des dettes fournisseurs à 45 jours donnent un BFR équivalent à 30 jours de CA à financer. Plus ce nombre de jours est bas, mieux c’est pour la trésorerie.
En 2025, une pharmacie bien gérée essaiera de descendre sous les 20-25 jours de CA en BFR (grâce à un stock resserré et des délais négociés), là où la moyenne du secteur est sans doute encore au-delà de 40 jours.

Conseils de pilotage :
- Optimisation du stock (encore !) : Comme souligné dans le KPI rotation des stocks, c’est le levier #1 du BFR. Un stock excédentaire peut immobiliser jusqu’à la moitié de la tréso.
Donc poursuivez vos efforts pour ajuster le stock au plus juste : utilisez les historiques de ventes pour affiner vos quantités de commande, passez en flux plus tendu sur les produits faciles à avoir sous 24h, et n’hésitez pas à retourner au fournisseur les produits invendus quand les conditions commerciales le permettent.
Chaque euro sorti du stock va directement alléger votre BFR et garnir votre trésorerie. - Suivi des créances tiers payant : Mettez en place un processus rigoureux pour gérer le tiers payant. Utilisez les logiciels de télétransmission pour suivre les rejets et impayés, relancez les organismes payeurs en cas de retard inhabituel.
L’objectif est de réduire le DSO (Days Sales Outstanding), c’est-à-dire le délai moyen de paiement des créances. S’il est censé être de 7 à 14 jours avec l’Assurance Maladie, assurez-vous qu’en pratique vous n’ayez pas des factures en souffrance au-delà d’un mois (mutuelles lentes, factures d’EHPAD non réglées, etc.).
Externaliser le suivi du tiers payant via des sociétés spécialisées peut être un choix rentable pour accélérer les encaissements. - Négociation fournisseurs : Discutez avec vos principaux grossistes-répartiteurs des conditions de règlement.
Si vous payez à 30 jours fin de décade, voyez s’il est possible d’obtenir 45 jours compte tenu de votre volume. Toute rallonge de délai fournisseur réduit d’autant le BFR.
De plus, exploitez les remises de fin d’année et escomptes de règlement anticipé intelligemment : il peut être intéressant de payer plus tôt en échange d’une grosse remise, mais seulement si votre trésorerie le permet.
Évaluez le gain financier de la remise vs le coût d’immobilisation de trésorerie. - Pilotage et anticipation : Intégrez la gestion de trésorerie à vos routines de gestion. Par exemple, projetez votre trésorerie sur 3-6 mois pour anticiper les besoins (achats saisonniers, échéances Urssaf, impôts…) et éviter le découvert coûteux.
Établissez un plan d’action BFR avec votre expert-comptable : chaque point de stock en moins ou de délai en plus, c’est de l’argent qui reste sur votre compte.
En pilotant activement ces indicateurs, certaines pharmacies ont pu dégager plusieurs pourcents de rentabilité additionnelle en quelques mois, simplement en payant moins de frais bancaires et en profitant de leurs liquidités disponibles plutôt qu’en sollicitant un emprunt.
Piloter votre officine avec sérénité : et si on en parlait ensemble ?
Chez Extencia, nous accompagnons chaque année des dizaines de pharmacies dans leur gestion, leur développement et leurs projets de transmission. Ce que nous observons, c’est simple : les titulaires qui suivent et exploitent régulièrement leurs KPI sont ceux qui prennent les meilleures décisions, au bon moment.
Ces 7 indicateurs (marge brute, masse salariale, panier moyen, mix produits, rotation des stocks, rentabilité et BFR) ne sont pas des chiffres abstraits. Ce sont des leviers concrets pour sécuriser la rentabilité de votre pharmacie, améliorer votre trésorerie, et structurer votre croissance.
Notre équipe spécialisée dans le secteur officinal vous aide à mettre en place des tableaux de bord personnalisés, à comparer vos performances aux moyennes du marché, et à optimiser chaque poste clé de votre activité. Que ce soit pour booster votre rentabilité ou préparer une cession, notre accompagnement vous offre clarté, méthode et impact.
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Parce que piloter, c’est prévoir.
FAQ – Questions fréquentes sur les KPI officinaux
- Quels sont les KPI les plus importants pour une pharmacie en 2025 ?
Les 7 principaux KPI à suivre sont : marge commerciale, masse salariale, panier moyen, mix produits, rotation des stocks, EBE et BFR. - Pourquoi suivre la marge brute est-il essentiel en officine ?
Elle permet de mesurer la rentabilité réelle de vos ventes, surtout dans un contexte de médicaments chers à faible marge. - Quel est un bon ratio masse salariale pour une pharmacie ?
En 2025, la moyenne est autour de 11 % du chiffre d’affaires HT. L’idéal est de rester sous les 12 %, sauf cas particulier. - Comment augmenter le panier moyen par client en pharmacie ?
Grâce au conseil au comptoir, au merchandising ciblé et à des programmes de fidélité bien pensés. - Quelle est la rotation de stock idéale en pharmacie ?
L’objectif est d’atteindre 12 à 15 rotations par an, soit un délai de stock moyen d’environ 30 à 45 jours. - Quel est le seuil critique pour l’EBE d’une officine ?
En dessous de 9 % du CA HT, la situation devient délicate. Le seuil visé doit être d’au moins 10 à 12 % pour être confortable. - Comment améliorer le BFR d’une pharmacie ?
En réduisant les stocks, accélérant les encaissements et en allongeant les délais fournisseurs pour préserver la trésorerie.